Graffiti à Paris
Le Pont des Arts, reliant le Louvre à la Rive Gauche à Paris, soutenait autrefois le poids de milliers d’amoureux. Il était une fois des couples qui cadenassaient leur amour au pont et jettaient la clé, en immortalisant leur relation près de la Seine, à Paris, la ville de l’amour. De façon controversée, la mairie de Paris a été obligée de démonter les 45 tonnes de fer des grilles du pont à cause d’un possible effondrement. Mais face aux couples furieux, Paris devait trouver une solution à ce lourd problème. Autrefois le pont romantique des cadenas, ce dernier est aujourd’hui transformé en une gallérie publique pour le street-art, grâce à la collaboration entre la mairie et Gallérie Itinerrance.
Une oeuvre d’eLSeed au Pont des Arts.
Pantonio au Pont des Arts.
Jace, El Seed, Brusk et Pantonio on été commissionnés pour peintre des panneaux de la hauteur des barrières afin que les témoignages romantiques—des touristes ou des parisiens— n’alourdissent plus la structure architecturale du pont et le mettent en péril. Ces quatre artistes aux styles artistiques variés ont donné une nouvelle vie au Pont des Arts. Pour mieux comprendre l’art, nous avons parlé avec Jace, un graphiste français du Havre, qui nous livré sa vision du pont et des œuvres qu’il y a ajouté. Un projet avec tant de visibilité pourrait facilement monter à la tête d’un artiste, mais Jace reste modeste en expliquant que sa relation avec son art n’a pas changée : « je continue à faire ce que je fais de mieux : le gouzou », c’est-à-dire son genre de personnages anthropomorphiques qui se trouvent souvent dans son graffiti.
L’art de Jace.
Jace faisant référence à Space Invader
L’artiste dit qu’il tire son inspiration de son environnement : « Certains y voient une lecture au premier degré, très “bisounours” (commentaire que j’ai pu lire il y a quelques jours), d’autres y voient un message plus profond. J’essaie juste de rester suffisamment flou pour que tout un chacun y voit le sens qu’il veut : plusieurs strates de lecture sont possibles. Mais le résultat final reste l’auto-dérision et un remède à la morosité ambiante… »
L’artiste est loin d’être un novice du street-art, et ce projet fait couler de l’encre. Il en a une vision différente de ses autres projets : « Il a forcément une saveur particulière par rapport à l’endroit : ce site est tellement mythique et tellement chargé d’histoire et de symboles que j’arrive sur une “peau de banane” … Pas facile d’être au centre de Paris et de ne pas s’exposer aux critiques…J’en étais conscient en préparant ce projet. Ce qui me rassure c’est que la balance s’équilibre et que je reçois autant de retours positifs que de négatifs (bien souvent par des gens qui se permettent de juger qu’à partir d’un timbre poste partagé sur internet, sans même faire l’effort d’aller sur place et d’approfondir leur jugement avec une lecture plus globale de l’œuvre)… »
Brusk et Jace collaborent
eLSeed.
L’Institut de France.
Pantonio.
Jace est bien conscient de la vision qu’a le public, et est très lucide quant aux réceptions diverses de son street-art : « Il y a déjà eu beaucoup de réactions à travers les réseaux sociaux… J’espère que le public sur place prendra le temps de regarder et de réfléchir aux petites saynètes que j’ai peints et que je pourrai toucher une audience plus large et que les gens seront sensibles à mon mode d’expression …. Ceux qui connaissent déjà mon travail sont fiers de cette “ascension” sur un monument parisien et me le témoignent sur ma page Facebook. Pour les autres tant pis, on ne peut pas plaire à tout le monde et c’est tant mieux si ça titille les consciences conservatrices parisiennes, c’est que cet art dérange encore et n’est pas complètement consensuel… »
Enfin, nous lui avons demandé si son œuvre équivalait aux 45 tonnes des cadenas enlevées du pont. Il a expliqué : « Nous avions carte blanche. Chacun des quatre artistes a laissé parlé son inspiration pour le lieu et la contrainte de surface (150 mètres sur 1 mètre)… Pour ma part j’ai essayé d’y mettre tout mon cœur mais c’est sûr que 45 tonnes de témoignages d’amour n’est pas aisé à remplacer !! »
Le travail de Brusk au Pont des Arts
Comentarios
Publicar un comentario